Mes travaux s'articulent autour de trois grands axes de recherche :
Axe 1 : Pédagogues, pédagogie et histoire des idées pédagogiques
Les travaux qui s'inscrivent dans cet axe ont pour objet de proposer des études critiques qui peuvent contribuer à l’avancée de la réflexion sur l’éducation sur des sujets aux statuts divers : l'utopie (2002), l'autorité (2005) ou l'entraide pédagogique entre élèves (1994, 1995, 1996, 1997).
Ces textes qui s’adressent aussi bien aux spécialistes du domaine, qu’aux formateurs, aux étudiants en sciences de l’éducation ou aux étudiants des métiers de l’enseignement, ont pour but de nourrir la réflexion théorique et la connaissance des discours sur l’éducation (sur l’utopie), mais aussi d’ouvrir la voie à des visions nouvelles (sur l’autorité), ou de soulever des questions d’ordre praxéologique (l’entraide entre élèves).
Axe 2 : La didactique et ses rapports avec la pédagogie
Le thème précédent nourrit également cet axe, qui veut interroger les rapports entre didactique et pédagogie, trop souvent réduits à une opposition systématique. Deux exemples illustrent cette posture : l'article « D'Emile à Gaël », sur les rapprochements possibles Rousseau-Brousseau (2005); l’analyse, à l’aide du cadre théorique anthropo-didactique, du fameux dialogue de Socrate et de l’esclave dans le Ménon (2002). Ces réflexions sont les premières étapes qui conduiront à l'écriture de l'ouvrage « La pédagogie à l'épreuve de la didactique » (PUR, 2008) où je m’efforce, à travers un triple questionnement (historique, théorique, empirique) de poser les jalons pour une clarification et un renouvellement des rapports entre pédagogie et didactique.
Axe3 : L'anthropologie de l'éducation et l'ethnographie de l'école
Cet axe traverse mes recherches depuis mes premiers travaux sur l'entraide entre élèves à l'école élémentaire et l'ethnographie d'une rentrée en classe de CP (2003), prolongée par une « ethnographie de l'ordre scolaire à l'école élémentaire » (2007) et des réflexions plus épistémologiques sur la familiarité et la connaissance du terrain en ethnographie de l'école (2005). L’ouvrage à paraître (2011) sur l'ethnographie d'une rentrée dans un collège RAR viendra compléter les travaux entrepris dans cette perspective. Il s’agit de développer un axe de recherche centré sur l’étude des conditions de diffusion des savoirs en milieu scolaire et non scolaire.
Des travaux plus marginaux viennent compléter ces trois axes :
- sur la formation des enseignants avec une réflexion critique sur la modélisation dans la formation des enseignants (2003, 2005) et une enquête sur la didactique et formation des professeurs de mathématiques auprès de tous les formateurs de cette discipline dans un IUFM de l’ouest de la France (2006) ;
- sur les sciences de l'éducation : une analyse critique de la discipline (2002) et un état des lieux des formations professionnalisantes (2007). Cette réflexion sur la situation et l’évolution des sciences de l’éducation s’inscrit dans mon souci constant de participer à la structuration, au développement et à la reconnaissance de la discipline.
Il est difficile de mesurer l’impact de ses propres travaux sur la communauté des chercheurs en sciences de l’éducation d’une part, sur le public potentiel que représentent les formateurs, les enseignants, les étudiants se destinant aux métiers de l’enseignement d’autre part. On peut situier cependant cet apport à plusieurs niveaux :
- une contribution à l’histoire de la discipline et à l’histoire de la didactique, en montrant les liens étroits - mais peu visibles et toujours ignorés - entre la pédagogie expérimentale de la première moitié du XX° siècle (son épistémologie, ses méthodes, ses objets) et les didactiques contemporaines, en particulier la didactique des mathématiques ;
- une contribution à l’approfondissement de la réflexion épistémologique et méthodologique sur la pratique de l’ethnographie en milieu scolaire et sur ses usages, tant au plan de recherche (comme méthode d’enquête), que dans l’activité d’enseignement (comme outil d’observation et d’analyse des pratiques) ;
- une contribution à l’étude des discours sur l’éducation (discours pédagogiques) par le recours à l’approche anthropo-didactique initialement utilisée pour analyser des situations d’enseignement. Je crois avoir montré la fécondité de cette approche pour renouveler l’analyse de certaines « méthodes » (la maïeutique), notions (l’utopie) ou « questions vives » (l’autorité). Ces contributions me paraissent utiles dans le cadre de la formation des enseignants, l’étude des textes pédagogiques - et donc l’acquisition d’une culture pédagogique critique - constituant à mon sens une dimension importante de cette formation ;
- une contribution à l’étude des phénomènes d’enseignement et à l’analyse des dispositifs de gestion de l’hétérogénéité des élèves par le recours, à côté des théories didactiques, à des approches anthropologiques (conditions d’arrière-plans) et pédagogiques, qui permet d’éviter les risques d’une analyse réductionniste et/ou techniciste. Si la combinaison de ces trois approches (didactique, pédagogique, anthropologique) dans un même cadre théorique, s’avère utile pour analyser les phénomènes de diffusion des savoirs dans les situations d’enseignement, il reste à prouver, dans des travaux ultérieurs, qu’elle est tout aussi pertinente et féconde pour étudier des situations d’éducation non formelle.